vendredi 7 août 2015

Haroun Tazieff : portrait

                                                                                          

Haroun Tazieff, un peu gembloutois

 

Tout le monde connaît Haroun Tazieff. Il fut aux volcans ce que Paul-Emile Victor fut aux pôles et ce que Jacques-Yves Cousteau fut aux océans.
 Haroun Tazieff a eu 5 nationalités. Il fut successivement  Russe, Polonais, Apatride, Belge et puis Français. Mais il était aussi un peu gembloutois.

Des origines russo-polonaise

Haroun Tazieff est né le 11 mai 1914 à Varsovie. Son père, un médecin russe,  est appelé à la guerre et  tué rapidement. Sa mère, polonaise, chimiste, sociologue, philosophe, peintre et « passionaria » de la révolution russe l’emmène à Petrograd,  à Tiflis et émigre finalement à Bruxelles en 1921. Il est élevé par sa mère, militante communiste convaincue et par son « plus que père », le romancier et poète Robert Vivier. Sa scolarité débute dans un athénée à Bruxelles .

Un étudiant sportif, contestataire et turbulent

C’est ainsi qu’il se définissait lui-même.
En 1932, Haroun Tazieff s’inscrit à l’institut agronomique de Gembloux pour décrocher le grade d’ingénieur agronome, spécialité coloniale, le 29/10/1938. Au cours des 6 années qu’il passera à Gembloux, il se fera des amis, comme Emile Lacroix, qui sera Ministre et ensuite Gouverneur de la province de Namur. Sportif aussi Haroun Tazieff : il pratique la boxe dans une salle à l’étage du « Grand Salon », un café qui se situait rue des Abbés comte, aujourd’hui  le parking de l’église. C’est là, où se déroulaient parfois des matches de boxe, qu’il suit assidument les cours donnés par Henry Chantraine du boxing club gembloutois . Haroun Tazieff confiera plus tard dans sa biographie qu’il fut à deux doigts de représenter la Belgique aux J.O. de Berlin en 1936. Mais sa mère le lui défendit…  Il pratiqua aussi l’alpinisme, le rugby et la plongée.
Le jeune homme aime aussi la guindaille. Il participe activement à une action qui va choquer les gembloutois pieux:  le dynamitage du « Buisson Saint Guibert », peu avant le passage de la procession, en mai 1934.
En 1938, il poursuit ses études à Liège, à l’école des Mines de l’université. C’est ainsi qu’il découvre la géologie.
 Il acquiert la nationalité belge en 1939 et intègre la Cie école des Chasseurs ardennais, rue de Fer à Namur. Il fera la campagne des 18 jours au 2e Rgt des Ch.A . Blessé, fait prisonnier par les allemands, il s’évade et, comme beaucoup de jeunes militants communistes, il entre dans la clandestinité et la résistance. Le réseau auquel il appartient, les Partisans Armés du Front de l’Indépendance, lui demande de rejoindre le groupe Liège-Seraing. En sa qualité d’ingénieur, il s’occupera de sabotages de voies ferrées et de lignes électriques. Une mission qu’il poursuivra jusqu’en juin 1944.



 

Le Congo et le coup de foudre pour les volcans

La paix revenue, il est engagé par une société qui l’envoie au Katanga comme prospecteur de gisements d’étain. Il se fait rapidement engager par le service géologique du Congo belge pour cartographier la région du Kivu. En 1948, il se trouve sur les lèvres du cratère du volcan Kituro lorsque se produit une éruption. A 34 ans, sa vie bascule : il sera volcanologue.
Il n’aura pas son pareil pour faire partager avec le grand public sa passion des volcans. Inlassablement il va vulgariser cette discipline jusqu’alors méconnue. 23 livres, de nombreuses conférences, 6 films,  des photographies : il ne néglige pas ses efforts pour faire partager son émotion face à la beauté d’une éruption volcanique : « Pour en restituer la beauté, il faudrait être un Van Gogh ! » disait-il.  Jean Cocteau l’avait surnommé  « le poète du feu » .

Politique et déceptions

Au milieu des années 60, Haroun Tazieff, marié à une Française, et déçu par la Belgique qui, estimait-il, n’avait pas suffisamment reconnu ses engagements courageux durant la guerre, opte pour la nationalité française.  Expert de L’Unesco, il enseigne à Paris et à Bruxelles avant d’être nommé directeur de recherches au CNRS.
Bientôt, son engagement à gauche l’amène tout naturellement à exercer des fonctions politiques où il pense servir les causes qu'il défend, comme la protection de la nature et la défense de l’environnement. Il deviendra conseiller du Président Mitterrand, puis maire de Mirmande, une petite commune de 418 habitants dans la Drôme  et enfin, secrétaire d’Etat à la Prévention des risques majeurs de 1984 à 1986. Souvent critiqué, disposant de moyens dérisoires, parfois intransigeant, il claque la porte et déclare : « Les cabinets ministériels me sont odieux et je suis heureux de quitter mon poste de ministre-gadget ».  Il fera pourtant un retour en politique  en entrant au Conseil général de l’Isère en 1988 à la demande du maire de Grenoble et Ministre de l' Environnement Alain Carignon dont il devient conseiller à la Sécurité collective. Il fondera ensuite avec Brice Lalonde le parti Génération écologie dont il s’éloignera finalement tout en restant un ardent défenseur de l’environnement.

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Haroun Tazieff  s’est éteint à Paris le 5 février 1998 à l’âge de 83 ans.
Le Président Jacques Chirac  lui a rendu ainsi hommage : « l’un des grands aventuriers  de ce siècle, l’un de ceux qui servent une passion autant qu’ils illustrent une discipline ».

Entre Haroun Tazieff et Gembloux, c’est une longue histoire d’amitié qui se fermait. Il aimait, en toute simplicité, revenir dans la localité où, pour les ainés, il a laissé des souvenirs d’un étudiant participant pleinement à la vie locale. Le bourgmestre Dominique Notte soulignait justement à l’occasion de son décès qu’il avait contribué au renom de la ville de Gembloux à travers le monde.
Il avait été nommé docteur honoris causa de la Faculté le 5 mai 1982.




Sources :
Haroun Tazieff, une histoire belge  DH du 11/05/2014 (s) Eddy Przybylski
Le Soir du 6/8/1998 (s) Jacques Cordy
V.A. du 6/8/1998 (s) Yves Vander Cruysen

Liens utiles:
Archives SONUMA -Haroun Tazieff, docteur honoris causa (05/1982)
http://www.sonuma.be/archive/haroun-tazieff-docteur-honoris-causa

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