vendredi 7 août 2015

La saga Mélotte

Un passé industriel prestigieux



La Saga Mélotte

Jules Mélotte naquit en 1858 à Remicourt, petit village hesbignon entre Waremme et Liège. Il est issu d’une famille d’artisans dont le destin était lié à l’expansion du monde agricole qui pesait alors très lourd dans l’économie belge.
Curieux et inventif, Jules Mélotte imagine et réalise ses premiers projets dans l’atelier paternel. A 30 ans, il met au point une écrémeuse mécanique révolutionnaire qu’il fait breveter le 23/06/1888. Cette invention lui vaut le Prix du Progrès au Grand Concours international de Bruxelles. L’argent ainsi recueilli lui permet de lancer la production. Deux ans plus tard, une trentaine d’ouvriers sont à l’œuvre pour répondre à la demande qui explose. Très vite, le vieil atelier familial ne suffit plus. A la tête de son entreprise florissante, Jules Mélotte adopte le système américain et ses méthodes d’organisation novatrices. Il crée une usine d’avant-garde conçue en fonction d’un seul produit à fabriquer: l’écrémeuse. La production traditionnelle, spécialement celle des charrues, est transférée à Gembloux et prise en charge avec succès par son frère Alfred. A Remicourt, les résultats sont vertigineux: on passe de 13 machines à 25.000 unités par an. L’écrémeuse Mélotte est portée au plus haut point de sa perfection technique. Elle se vend non seulement en Belgique et en France, mais dans le monde entier: Afrique, Asie, Océanie et jusqu’aux Etats-Unis. Jules Mélotte meurt en 1919. Son écrémeuse lui survivra pendant un demi-siècle.
C’est donc en 1891 qu’Alfred Mélotte (1855-1943) s’installe à Gembloux. Il rachète les ateliers Pierquin, importateurs de matériel agricole,  pour se consacrer à la production de charrues, mises au point à l’atelier de Remicourt, et d’autres outils aratoires : bineuses, semoirs, herses, arracheuses de pommes de terre, moulins à farine…
Le  choix de cette implantation n’est pas le fruit du hasard. La présence de l’Institut agronomique qui jouissait déjà d’une réputation internationale fut déterminant. Tout autant que la situation géographique propice à la production agricole avec ses terres des plus fertiles du pays.
Au début, l’entreprise occupe une dizaine d’ouvriers. En 1894, l’équipe compte 19 ouvriers. Un rapport daté de 1904 et réalisé par un étudiant de L’Institut de sociologie de L’Ulb nous apprend que les ouvriers travaillaient 11 heures par jour et qu’à la forge certains hommes gagnaient 10 frs par jour (ce qui est beaucoup puisqu’à la même époque un instituteur gagne 5 frs par jour, un mineur de fond 4,2 frs et un ouvrier agricole 1,96 frs..). Il ajoute qu’il n’y a pas un seul ivrogne parmi les hommes de l’usine! Figure emblématique de la construction mécanique agricole, Alfred Mélotte améliore sans cesse son invention originale. De 1901 à 1929, il prit à son nom plus de 20 brevets de perfectionnement des charrues qu’il fabriquait.
 En 1935, l’usine Mélotte de Gembloux, la plus importante de la ville, occupait quelque 600 ouvriers. Des milliers de charrues sont sorties de cet atelier, dont la charrue réversible  à double soc, dite  «Brabant double », qui fit sa réputation et se répandit rapidement sur les marchés étrangers, notamment grâce aux contacts avec les diplômés étrangers de l’Institut agronomique voisin. La dernière fut une quadrisoc semi porté qui ne fut produite qu’à 7 exemplaires.    Après 1945, la production diminua et l’emploi se restreint à 223 personnes en 1968.
En 1976, la s.a. Charrues Mélotte est passée sous tutelle du groupe britannique Lucas Industries spécialisé dans l’équipement pour l’automobile. En quinze ans, un investissement de 800 millions de frs fut consenti par la maison-mère à Eurofonderie pour produire des pièces brutes pour freins de voitures. Malgré un carnet de commande bien rempli, l’usine ferma ses portes en octobre 1994 pour sous-traiter la production dans des pays à bas salaires. Elle occupait alors 255 travailleurs.
En 1989, la « Nouvelle Société Charrues Mélotte » poursuit des activités de commercialisation de matériel agricole importé avec un personnel réduit à 19 ouvriers et 14 employés. Cette société détenait la représentation des tracteurs Renault.
En 1995, « Mélotte Industry », sous l’impulsion de son administrateur-délégué  Michel Descampe (petit-fils d’Alfred Mélotte), tente de diversifier l’activité en exploitant une nouvelle niche à connotation environnementale. Il pressentit que le traitement des déchets allait subir de profondes mutations. Avec l’expérience acquise dans le domaine industriel, il s’est orienté dans le créneau des presses industrielles pour le compactage des déchets (métaux, frigolite, déchets ménagers de collectivités etc.). Une gamme de 70 modèles différents fut développée sur le même principe : augmentation de la densité et réduction du volume final. Cette technologie permet par exemple de ramener à 2,6 m3 le volume d’un conteneur de 30 m3.

Sources :
 Le Soir du 30-12-1997 (s) Eric Meuwissen
 Alfred Mélotte : inventeur de charrues   (Ecomusée de la région du Viroin -1997). Claire Billen, Jean-Jacques Van Mol, Jean-Jacques Heirwegh.
Publi-Gembloux n° 1021 (s) D.L.
Photos : Gembloux, ma ville, mon village   CRAHG 1999



 Foire commerciale de Bruxelles, avril 1921


 Les deux photos suivantes sont une contribution de Pierre Fourneau, par l'intermédiaire de Jean-Marc Gilles. Je les en remercie amicalement.

Pavillon Mélotte à l' Exposition Universelle de Liège en 1905. Sept millions de visiteurs ont vu  cette exposition organisée pour l'année du 75e anniversaire de l'Indépendance du Pays.

Pavillon Mélotte à l'Exposition Universelle et internationale de Bruxelles en 1910.
Cet événement s'est déroulé du 23 avril au 1er novembre 1910.



Je vous invite à découvrir et à aimer la page facebook de la photographe MauDe Pix
qui a réalisé un excellent reportage photographique à propos du site industriel abandonné
et depuis peu en voie de reconversion.
Je la remercie pour son aimable autorisation de pouvoir le mentionner ici.

https://www.facebook.com/MauDePix/


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